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CLÉOPÂTRE

Et de son bras tendu, elle lui montrait la porte dissimulée dans le mur entre deux pilastres de lazulite.

Sous sa mitre d’or Paësi ne bougea pas.

« Le devoir du prêtre, dit-il, est d’éclairer ceux qui tiennent entre leurs mains les destinées du royaume ; puisque les dieux ont inspiré à la reine de m’appeler en sa présence, elle m’écoutera jusqu’au bout. J’ignore ce qu’est venu dire l’envoyé d’Octave, j’ignore ce qu’Antoine peut espérer de ses troupes à Parœtonium, j’ignore pourquoi Taïa, l’inséparable suivante, a pris la route du désert. Mais ce que je sais de science certaine c’est le courroux des dieux, excité par les actes impies de la reine et du triumvir. Au lieu de chercher à apaiser les démiurges par des sacrifices, tous deux ont passé leurs journées dans les festins et leurs nuits dans les voluptés ; ils ont fait plus encore, ils ont pris la place de la divinité et se sont arrogé les attributs réservés à elle seule. »

Il alla ramasser sur la terrasse les morceaux épars du sceptre ; les débris remplissaient ses deux mains ouvertes ; il les montra à Cléopâtre :

« Ceci même est un mauvais présage, dit-il.