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CLÉOPÂTRE

aurait frappé Antoine, une blessure mortelle reçue dans un combat, quelque chose enfin qui fût indépendant de sa volonté et sur quoi elle s’apitoyait réellement. Cela lui donnait le change et permettait à son imagination de s’enfoncer plus avant dans le rêve d’une liaison prochaine avec Octave. Pendant longtemps elle divagua ainsi ; à la fin, elle en était arrivée à penser que sa mort à elle habilement feinte déterminerait la mort volontaire de son amant.

Ainsi maintenant c’était sans trop de honte qu’elle envisageait comme possible la solution qui lui paraissait odieuse, il y avait un instant. Et, pour apaiser les protestations de sa conscience, elle se répétait les choses qu’Aréus lui avait dites sur les devoirs des souverains à l’égard de leur royaume ; quoiqu’elle ne fût nullement convaincue de la vérité de ces discours, elle se disait qu’elle pouvait bien se tromper elle-même, et que le philosophe devait avoir eu raison en lui affirmant que la reine d’Égypte n’avait pas le droit de sacrifier l’intérêt de son peuple à son amour pour Antoine.

Cependant, étant allée plus loin qu’elle ne l’aurait voulu dans la préméditation de ce