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CLÉOPÂTRE

par les raffinements d’un art toujours en éveil, était arrivée maintenant à son complet épanouissement ; pour peu qu’Octave se laissât aller à respirer une fois le parfum de sa chair, elle était sûre de se l’asservir, comme elle s’était asservi son oncle Jules César, ainsi que tous ceux qui l’avaient approchée. Cette domination qu’elle exerçait était si grande qu’autour d’elle on la taxait de surnaturelle, l’attribuant à des incantations magiques.

Elle s’était dressée devant un grand miroir de cuivre brillant qui la reflétait tout entière. Par quel revirement soudain le souvenir d’Antoine lui revint-il en cet instant, alors qu’elle était arrivée à l’éloigner complètement de sa pensée depuis une heure ? Quelque émanation de l’âme du triumvir était restée sans doute attachée à la surface polie du métal ; ou bien était-ce plutôt ce phénomène inexpliqué de l’appel des choses à la mémoire endormie ?

Alors Cléopâtre s’assit et ce fut presque une obsession que cette pensée d’Antoine qui lui revenait abondamment. Certes elle n’était pas très accessible à la pitié ; tout son passé en