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CLÉOPÂTRE

de Cléopâtre, la domination sur l’Occident et l’empire incontesté du monde. Elle se souvenait d’avoir vu le jeune prince, lorsqu’elle s’était rendue en Italie avec son frère Ptolémée, pour assister aux quatre triomphes de Jules César. C’était à cette époque qu’Octave avait pris la robe virile ; et, comme tous les citoyens de Rome, il avait été témoin des honneurs que le premier amant de Cléopâtre lui avait publiquement rendus. Aveuglé par sa passion, Jules César n’avait pas craint, en dédiant un temple à Vénus Génératrice, d’offrir à l’adoration du peuple romain une statue d’or de la reine d’Égypte, placée à côté de celle de la déesse[1]. De tels témoignages, auxquels s’étaient jointes depuis lors bien d’autres preuves éclatantes du pouvoir que Cléopâtre exerçait sur les cœurs, avaient sans doute impressionné profondément celui qui semblait aujourd’hui subir à son tour cette attraction toute-puissante. Seize ans avaient passé depuis cette première rencontre, mais la charmeuse n’ignorait pas que sa beauté, entretenue sans cesse

  1. Appian, de Bell, civil., II, p. 492.