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CLÉOPÂTRE

descendre au fond d’elle-même pour y discuter les propositions d’Octave, elle se sentait rassurée de les avoir reçues. Jusque-là, les messages qu’Octave lui avait envoyés n’avaient pas eu ce caractère bienveillant ; c’étaient plutôt des sommations de vainqueur à vaincu, que des discussions de puissance à puissance. Elle sentait bien d’une façon vague que l’abandon absolu d’Antoine était le prix de cette entente avec son rival ; mais elle ne voulait pas encore se l’avouer à elle-même, afin de savourer et d’énumérer tout à son aise les heureux résultats d’une alliance avec le maître de Rome.

Tout d’abord, ce qu’Aréus lui avait laissé entendre de la possibilité d’arriver jusqu’au cœur d’Octave la ravissait ; jusque-là elle avait cru le jeune César presque exclusivement tourmenté de pensées ambitieuses, peu occupé de Livie son épouse, et professant à l’égard de toutes les femmes un mépris que ses habitudes bien connues de froide débauche n’expliquaient que trop. Avec la déclaration presque ouverte dont le philosophe avait été l’intermédiaire, la scène changeait : Octave amoureux, ou bien près de l’être, c’était, à courte échéance, selon le rêve