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CLÉOPÂTRE

charmer, et la redoutable science de nos hiérophantes qui peuvent à leur gré fasciner les autres hommes et leur faire accomplir les plus secrètes volontés. Toi-même, Taïa, tu subis sans t’en douter cette influence mystérieuse ; la reine est pour toi plus qu’une divinité ; et quand tu t’agenouilles à ses pieds en l’appelant nouvelle Isis, ton corps frémit d’un tressaillement non moins intense que lorsque tu te prosternes devant la statue voilée de la sublime Déesse ! »

La jeune fille secoua la tête :

« Quoi d’étonnant, Paësi, à ce que j’aime la reine ? Il n’est point nécessaire pour cela qu’elle exerce sur moi un pouvoir magique. Ne m’a-t-elle pas enlevée, quand j’étais enfant, aux mains de mon premier maître, pour me donner une place toute particulière dans son palais ? Ne m’a-t-elle pas fait apprendre à jouer du tambourin et de la cithare, et à tracer pour elle sur les feuilles de byblus les signes éloquents de sa pensée ? Oui, je l’aime et je crois voir réellement en elle un être d’une essence supérieure à la nôtre ; parfois même je m’imagine que la sublime Déesse au front voilé de noir doit avoir les traits et le regard de Cléopâtre.