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CLÉOPÂTRE

Cilicie il n’a pas cessé de dépenser le sang de ses légions et le prestige de sa renommée pour le soutien de l’Égypte, de même que mes trésors et mes soldats ont été constamment au service de ses conquêtes. Ce serait avoir de moi une opinion bien hasardée que de me croire capable, dans l’intérêt de ma propre fortune, de trahir l’homme à qui j’ai donné mon amour.

— C’est à la reine que je parlais et non point à la femme, s’empressa de répondre Aréus. Il est des heures où les devoirs personnels les plus sacrés doivent être immolés à des intérêts d’ordre général plus sacrés encore. D’ailleurs, que demande Octave ? Rien qui ne soit conciliable avec les principes de la plus stricte sagesse. Marc-Antoine est à bout de forces et son prestige diminue à chaque heure comme le rayonnement d’un soleil qui va s’éteindre. Sans doute il est capable de résister quelque temps encore aux forces d’Octave ; mais l’issue de la lutte n’est point difficile à prévoir. N’attendez donc pas que tout soit perdu, Illustre Reine, car les avantages qu’Octave vous offre aujourd’hui vous échapperaient alors infailliblement. »