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CLÉOPÂTRE

tées fidèles à leur autonomie, ne tarderont pas à suivre cet exemple. Toutes, d’ailleurs, ont besoin de se sentir protégées par une autorité stable qui les mette à l’abri des revirements dont elles ne connaissent que trop les dangers. L’empire partagé c’est la guerre, sinon déclarée du moins latente, la guerre en fermentation au sein des peuples comme la lave aux entrailles d’un volcan ; or, il est temps qu’une ère de paix s’ouvre pour le monde et que l’immense majesté de la puissance romaine s’étende sur lui et le couvre comme un manteau. »

Cependant Cléopâtre ne paraissait pas convaincue. De nouveau sa voix claire se fit entendre :

« Avant d’arriver à cette organisation idéale, savant Aréus, que de sang à verser encore ! Croyez-vous que les nations orientales, qui vous restent à conquérir — et elles sont nombreuses — consentiraient à perdre leur indépendance pour le seul plaisir de jouer une partie dans cette symphonie universelle ? Et quand bien même l’Asie, lasse des bouleversements qui l’ont tant de fois agitée, accepterait la