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CLÉOPÂTRE

qu’il eût à dire, l’expression de son visage ne changeait point, et ses yeux, qu’il tenait toujours soigneusement baissés tandis qu’il parlait, se fixaient au contraire sur son interlocuteur avec une acuité surprenante quand celui-ci lui donnait la réplique.

Ce fut cet ambassadeur redoutable que César Octave se décida à envoyer auprès de Cléopâtre pour lui persuader de sacrifier Antoine à la cause de Rome et de l’Égypte. En cela le jeune Imperator imitait l’exemple des cités de l’Asie Mineure qui choisissaient dans les écoles les sophistes les plus habiles pour en faire leurs représentants auprès des puissances voisines[1]. D’ailleurs, il pouvait à bon droit s’inquiéter du résultat de cette nouvelle tentative ; déjà, il avait en vain député à la reine plusieurs messagers, entre autres son affranchi Tyrrhéus, qu’Antoine lui avait outrageusement renvoyé après l’avoir fait battre de verges par ses esclaves[2].

Mais cette fois le triumvir était hors d’Alexandrie et Cléopâtre, ébranlée par des déboires

  1. Filleuil, Hist. du siècle de Périclès, t. II, p. 65.
  2. Plutarque, Antoine, lxxxx.