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CLÉOPÂTRE

orgies coulera de nouveau comme un huitième bras du très saint fleuve… ; et, pendant ce temps, l’Égypte glissera, sans qu’on s’en aperçoive ou sans qu’on s’en inquiète, sous la domination souveraine de Rome. Maudits soient-ils, ces deux efféminés qui laissent notre gloire s’éteindre ainsi que les rayons mourants de Sérapis !

— De grâce, Paësi, tais-toi. Ne crains-tu pas, toi prêtre, de prononcer un pareil blasphème ? Pour Antoine encore, je te l’abandonne ; c’est un étranger, et plût aux dieux qu’il n’ait jamais abordé à ces rivages ! Mais Cléopâtre ! la reine d’Égypte !

— Eh ! que m’importe ! N’est-elle pas une étrangère, elle aussi, une Grecque, la descendante des Ptolémées, dont le premier était fils illégitime de Philippe de Macédoine ? L’antique sagesse d’Hermès, qui fit si grande notre puissance, la sagesse de Ramsès et de Sésostris, ta Cléopâtre ne l’a jamais connue. C’est une créature aux instincts corrompus, qui possède toute l’astuce de la Grèce et tous les raffinements voluptueux de l’Orient. De nous, de notre théosophie, elle n’a pris que l’art de