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CLÉOPÂTRE

mais Cléopâtre resta éveillée. Avec cette mobilité d’esprit particulière à sa nature qui la faisait passer presque sans transition du découragement à l’espérance et que justifiaient d’ailleurs les revirements nombreux de sa fortune politique, elle se laissa emporter une fois encore par le courant rapide de ses ambitions ; et quand l’aube parut, elle se voyait assise sur le trône de Rome que lui avait conquis l’armée innombrable des Barbares.

Le soir de ce même jour la caravane était formée ; on avait été chercher dans le quartier du Camp Macédonien les éléphants de l’Inde qui étaient exclusivement réservés au service de Cléopâtre. C’étaient d’énormes animaux admirablement dressés pour la traversée du désert. Sur l’un d’eux s’étalait un pavillon somptueusement décoré et aménagé d’étoffes filigranées d’or et de coussins soyeux où Taïa prit place. La Libyenne avait voulu revêtir le costume de sa nation, qui consistait en une égide de peau de chèvre teinte en rouge et en une jupe courte d’étoffe rude recouvrant le bas de son corps ; des plaques de métal brillaient autour de son cou, s’incrustant presque dans