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CLÉOPÂTRE

« Tais-toi ! tes avis, je ne les ai déjà que trop écoutés. Tous ceux qui m’ont conseillée m’ont perdue. Si j’avais suivi mes seules inspirations, je serais à présent la maîtresse de l’empire, la dominatrice du monde. Mais toujours j’ai eu auprès de moi des êtres qui se sont mis en travers de mes plans, Paësi, toi, tant d’autres encore. »

Elle frémissait, secouée par le flot montant de sa colère ; et Taïa eût dû être effrayée du ton menaçant de sa voix et du froncement redoutable de ses sourcils. Mais l’esclave favorite était accoutumée à ces emportements ; elle s’agenouilla sur les degrés, sa belle tête appuyée contre le bas-relief de la couche, et attendit que le calme fût revenu dans l’âme troublée de sa maîtresse.

Cependant Cléopâtre, toujours dressée, continuait à murmurer des paroles de découragement et d’amertume ; un affolement lui venait à la pensée de rester isolée dans son royaume, entravée à toute heure dans sa liberté, en butte aux conspirations de ses alliés anciens devenus ses ennemis.

Puis sa colère se fondant en un sentiment de