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CLÉOPÂTRE

insensiblement. Un sentiment général de satisfaction soulevait les poitrines chaque fois qu’un des vaisseaux, détaché de ses liens, s’enfonçait dans les hautes eaux avec un sourd bruissement.

Les esclaves se hâtaient, car un vent violent soufflait par intervalles, entraînant avec lui des tourbillons de sable et de poussière. Sur son passage, les palmiers, les habitations et même les eaux prenaient une coloration jaunâtre, comme baignés sous une pluie de soufre.

Tout à coup une odeur méphitique se répandit et une fumée épaisse s’éleva ; de tous les côtés à la fois des fantômes humains surgirent sur le tillac des vaisseaux déjà mis à l’ancre ; d’autres, sortis en rampant des ajoncs qui bordaient les deux rives, étaient armés de longues phalariques avec lesquelles ils lançaient des flèches enflammées. En même temps, la surface du golfe se couvrait de petites barques ; les hommes qui les montaient jetaient par-dessus le pont des navires de grosses étoupes de chanvre imbibées d’huile de pierre.

L’incendie se propageait avec une rapidité effrayante. Des craquements sinistres se fai-