Page:Bertheroy - Cleopatre.pdf/104

Cette page a été validée par deux contributeurs.
93
CLÉOPÂTRE

chariot que traînaient vingt chevaux asiatiques appartenant à la race élégante et forte que Thoutmès III avait importée de la vallée de l’Euphrate dans celle du Nil[1]. À l’entrée de la plaine basse et déserte de l’isthme, les chariots se rejoignirent, mais de grandes difficultés restaient encore à vaincre pendant le trajet. À chaque instant les chevaux refusaient d’avancer, flairant sous leurs pas la présence des serpents qui abondaient dans cette partie de l’Égypte. C’était le plus communément des scytales, ou des cérastes cornus dont la morsure causait d’atroces souffrances ; alors les esclaves poussaient des hurlements de terreur et se suspendaient par le milieu du corps aux montants élevés des chars, afin que leurs pieds ne touchassent pas le sol. Souvent Kaïn pour les rassurer descendait de sa monture et venait près d’eux ; le Psylle sifflait sur un mode lent et monotone, et, quand la vipère dardait à travers le sable sa tête triangulaire, il lui appuyait le pouce entre les yeux et la rendait par ce contact inoffensive, plongée

  1. Voir note justificative no 24, p. 312.