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LES TÉMOIGNAGES HISTORIQUES

datés d’une façon précise : les deux principaux ont été transcrits au milieu du ve siècle[1].

On cite encore un passage de Pline l’Ancien[2], d’après lequel il existe un procédé pour fabriquer l’or au moyen de l’orpiment : Caligula, dit-il, fit calciner une quantité considérable d’orpiment pour en tirer de l’or : il réussit ; mais le rendement fut si minime que la quantité d’or obtenue ne paya pas les frais de l’opération.

« Invitaverat spes Caium principem avidissimum auri, quamobrem jussit excoqui magnum auripigmenti pondus, et plane fecit aurum excellens, sed ita parvi ponderis, ut detrimentum sentiret. »

C’est évidemment la première tentative de transmutation, ou plutôt de préparation artificielle de l’or, que l’histoire nous ait transmise. Le fait en soi, tel que Pline le rapporte, n’a d’ailleurs rien que de vraisemblable : car il semble qu’il se soit agi ici d’une opération analogue à la coupellation, ayant pour but et pour résultat d’extraire l’or contenu dans certains sulfures métalliques, signalés par leur couleur comme pouvant en recéler. Éxtraction de l’or préexistant, ou fabrication de ce métal de toutes pièces, ce sont là deux idées tout à fait distinctes pour nous ; mais elles se confondaient dans l’esprit des anciens opérateurs.

On rencontre, vers la même époque, un énoncé

  1. Voir l’édition de Sprengel, Leipsick, 1829 ; Préface, p. xviii. Dans les papyrus de Leide (n° 66 de Reuvens), on trouve, à la suite des recettes alchimiques, divers extraits de Dioscoride ; mais la phrase ci-dessus y manque, d’aprés ce que M. Leemans a bien voulu m’écrire.
  2. Livre XXXIII, ch. iv.