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LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE

Ce sont là des signes et des imaginations gnostiques, ainsi que le montre l’anneau magique décrit dans le apyrus de Leide et comme on peut le voir dans l’Histoire des origines du Christianisme de M. Renan[1].

Le serpent qui se mord la queue se présente continuellement associé à des images d'astres et à des formules magiques sur les pierres gravées de l’époque gnostique. On peut s’en assurer dans le Catalogue imprimé des camées et pierres gravées de la Bibliothèque nationale de Paris, par Chabouillet. Les numéros 2.176, 2.177, 2.180, 2.194, 2.196, 2.201, 2.202, 2.203, 2.204, 2.205, 2.206, etc., portent la figure de l’Ouroboros, avec toutes sortes de signes cabalistiques. De même la salamandre, n° 2.193. Au n° 2.203 on voit Hermès, Sérapis, les sept voyelles figurant les sept planètes, le tout entouré par le serpent qui se mord la queue. Au n° 2.240, le signe des planètes avec celui de Mercure, qui est le même qu’aujourd’hui. C’étaient là des amulettes et des talismans, que l’on suspendait au cou des malades, d’après Sextus Empiricus médecin du ive siècle, et que l’on faisait servir à toutes sortes d’usages. Ces symboles sont à la fois congénères et contemporains de ceux des alchimistes.

Le serpent qui se mord la queue était adoré à Hiérapolis en Phrygie, par les Naasséniens, secte gnostique à peine chrétienne. Les Ophites, branche importante du gnosticisme, comprenaient plusieurs sectes qui se rencontraient en un point, l’adora-

  1. T. VII, p. 183.