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LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE

tent des lois, des dieux et de tout ce qui a rapport à la discipline sacerdotale ; Il y a donc quarante-deux livres d’Hermès extrêmement nécessaires. Trente-six, qui contiennent toute la philosophie égyptienne, sont soigneusement étudiés par ceux dont nous venons de parler. Quant aux six derniers, qui ont trait à la médecine et traitent de la constitution du corps, des maladies, des instruments, des remèdes, des yeux et enfin des femmes, ils sont l’objet de l’étude assidue de ceux qui portent le manteau, c’est-à-dire des médecins.[1] »

Pour concevoir la scène retracée par Clément d’Alexandrie, il convient de la replacer dans son milieu historique. Reportons-nous par la pensée à ces colossaux sanctuaires d’Esneh, d’Edfou et de Denderâ, où je vois encore figurer sur les murs le long déroulement des processions sacerdotales ; reportons-nous à ces temples de Sérapis, où la culture grecque s’alliait avec la tradition égyptienne. Tel était le temple d’Alexandrie, qui s’élevait sur une colline et dominait la ville, avec ses portiques et les bâtiments qui l’entouraient. C’était en même temps le siège du Muséum antique, de l’École d’Alexandrie, avec ses cours, ses professeurs et ses élèves. Là se trouvait la fameuse bibliothèque Ptolémaïque, brûlée une première fois par César, rétablie par Marc-Antoine aux dépens de celle de Pergame, citée comme autorité par Tertullien et par Zosime, et qui paraît avoir duré, dans son ensemble, à travers des aventures diverses, jusqu’à la fin du ive siècle. Quelques débris semblent même s’en être conservés jusqu’à la conquête musulmane. Cette asso-

  1. Clém. Alex., Stromates, liv. VI, 4.