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LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE

Des opinions analogues existaient déjà dans l’antiquité. Jamblique signale les antiques stèles d’Hermès, où toute science était transcrite. Manéthon l'astrologue, auteur du même temps, parle aussi des livres sacrés des sanctuaires et des stèles mystérieuses de l'omniscient Hermès[1]. Les premiers alchimistes grecs, Olympiodore par exemple, tiennent le même langage, en appliquant cette tradition à leur science ; ils disent que le secret de l'art sacré est inscrit sur les obélisques en hiérogrammes. Olympiodore donne même des indications d’une extrême précision sur les inscriptions du temple d’Isis (sans doute celui de Philæ, qu’il avait visité d’après son propre récit) et sur celles de la montagne Libyque[2]. Était-ce simplement, de la part des alchimistes, le besoin de rattacher leurs idées à ces vieilles écritures, dont ils ne comprenaient plus le sens ? ou bien existait-il réellement dans les temples des stèles contenant les formules de l'art sacré, comme l’affirment Zosime et Olympiodore ? La stèle de Metternich avec ses inscriptions magiques appuyerait cette dernière opinion. Nous avons cité aussi (p. 29) une recette de transmutation rapportée formellement à l’une de ces stèles[3], dans un langage qui ne semble guère laisser place au doute. Cependant jusqu’ici des stèles alchimiques de cette nature n’ont pas été retrouvées. Nous ne sommes donc pas autorisés à faire remonter la filia-

  1. Manéthon : Apotelesmatica, livre V, p. 93 (1832).

    Ἐξ ἀδύτων ἱερῶν βιβλων…
    Καὶ κρυφίμων στηλῶν, ἃς ηὕρατο πάνσοφος Ἑρμῆς.

  2. Ms. 2.327, fol. 205, v°.
  3. Ms. 2.325, fol. 150, v° ms. de saint Marc, fol. 106.