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LES ORIGINES DE L’ALCHIMIE

à fait celui des magiciens néoplatoniciens du ive siècle.

Le nom de l’art sacré, cultivé dans le temple de Memphis, c’est-à-dire dans le temple de Phtah, voisin du Sérapeum[1] retrouvé par Mariette, se rattache à cet ordre d’idées. Le texte de Zosime montre en effet qu’il existait en Égypte une tradition métallurgique secrète, à laquelle les adeptes attribuaient la richesse de l’Égypte d’autrefois et la puissance de ses anciens rois nationaux.

Ces opinions ont laissé leur trace dans l’histoire générale. Elles sont appuyées par un récit des chroniqueurs byzantins, qui semble remonter à Panodorus, moine égyptien et chronographe du temps d’Arcadius ; récit que nous trouvons reproduit dans Jean d’Antioche, auteur du temps d’Héraclius (vers 620), puis dans Georges le Syncelle (viiie siècle), ainsi que dans les actes de saint Procope et dans Suidas (xie siècle). Suivant ces auteurs, Dioclétien, après avoir réprimé avec une extrême cruauté une insurrection des Égyptiens, révolte célèbre dans l’histoire, fit brûler les livres qui traitaient de l’art de faire de l’or et de l’argent, afin d’enlever aux rebelles les richesses qui leur donnaient la confiance de se révolter.

Les destructions opérées par Dioclétien en Égypte sont un fait historique ; il est très probable qu’il fit, conformément à ce récit, brûler systématiquement les livres et les écrits des prêtres égyptiens. En effet, la proscription des écrits magiques et astrologiques, en un mot de tout ouvrage relatif aux sciences occultes,

  1. Reuvens, 3e lettre à M. Letronne, p. 81.