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LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE

les mathématiciens ; l'un d’eux, Pituanius, fut mis à mort et précipité du haut d’un rocher[1]. Sous Claude, sous Vitellius, nouveaux sénatus-consultes[2], atroces et inutiles, ajoute Tacite. En effet, dit-il ailleurs, ce genre d’hommes qui excite des espérances trompeuses est toujours proscrit et toujours recherché[3].

L’exercice de la magie et même la connaissance de cet art étaient réputés criminels et prohibés à Rome, ainsi que nous l’apprend formellement Paul, jurisconsulte du temps des Antonins[4]. Paul nous fait savoir qu’il était interdit de posséder des livres magiques. Lorsqu’on les découvrait, on les brûlait publiquement et on en déportait le possesseur ; si ce dernier était de basse condition, on le mettait à mort. Telle était la pratique constante du droit romain[5]. Or l’association de la magie, de l’astrologie et de l’alchimie, est évidente dans les passages de Tertullien cités plus haut. Cette association avait lieu particulièrement en Égypte.

Les papyrus de Leide, trouvés à Thèbes, complètent et précisent ces rapprochements entre l'alchimie, l’astrologie et la magie ; car ils nous montrent que les alchimistes ajoutaient à leur art, suivant l’usage des

  1. Annales, II, 32.
  2. Annales. XII, 52 ; Hist. II, 62.
  3. Genus hominum potentibus infidum, sperantibus fallax, quod in civitate nostra et vetabitur semper et retinebitur. (Hist. I, 22.)
  4. Libros magicæ artis apud se neminem habere licet, et si penes quoscunque reperti sint, bonis ademptis ambustisque his publice, in insulam deportantur ; humiliores capite puniuntur. Julii Pauli, liber V, tit. xxiii. (Ad legem Corneliam de Sicariis et Veneficiis.)
  5. Jubemus namque auctores quidem ac principes cum abominandis scripturis eorum severiori pœnæ subjici, ita ut flammeis ignibus exurantur. (Lois de Dioclétien et de son époque. Codicis Gregoriani, liber XIV, Tit. de maleficiis et manichiæs, § 6.)