Page:Berthelot - Les origines de l'alchimie, 1885.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
13
LES ORIGINES MYSTIQUES

au monde inexpérimenté[1] ; il les assimile, dis-je, à leurs disciples, les mages, les astrologues et les mathématiciens[2], et il établit un parallèle entre l’expulsion de ceux-ci de Rome, et celle des anges du ciel[3].

Il m’a paru nécessaire de développer ces citations, afin de préciser l’époque à laquelle Zosime écrivait : c’est l’époque à laquelle les imaginations relatives aux anges pécheurs et à la révélation des sciences occultes, astrologie, magie et alchimie, avaient cours dans le monde. On voit qu’il s’agit du iiie siècle de notre ère. Les papyrus de Leide présentent également les recettes magiques associées aux recettes alchimiques.

La proscription de ceux qui cultivaient ces sciences n’est pas seulement un vœu de Tertullien, elle était effective et cela nous explique le soin avec lequel ils se cachaient eux-mêmes et dissimulaient leurs ouvrages sous le couvert des noms les plus autorisés. Elle nous reporte à des faits et à des analogies historiques non douteuses.

La condamnation des mathématiciens, c’est-à-dire des astrologues, magiciens et autres sectateurs des sciences occultes, était de droit commun à Rome. Tacite nous apprend que sous le règne de Tibère on rendit un édit pour chasser d’Italie les magiciens et

  1. Materias quasdam bene occultas et artes plerasque non bene revelatas seculo magis imperito prodiderunt.
  2. Astrologos et aruspices et augures et magos… quorum artes ab angelis desertoribus proditas. Apologeticus, XXV, C.
  3. Expelluntur mathematici, sicut angeli eorum… Urbs et Italia interdicuntur mathematicis, sicut cælum angelis eorum, eadem pœna est discipulis et magistris. De Idolatria, IX, D.