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LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE

rebelles, des secrets de l’or et de l’argent, rapprochés de ceux de la magie et de l’astrologie : il s’agit évidemment ici de l’alchimie. On trouve aussi dans le néoplatonicien Jamblique, un passage où la magie semble associée à l’art de composer les pierres précieuses[1], et de mélanger les produits des plantes. Les manuscrits alchimiques attribuent même à Jamblique deux procédés de transmutation[2].

Un texte plus explicite est celui des Chroniqueurs byzantins, d’après lesquels Dioclétien détruisit en Égypte les livres d’alchimie. Le fait est tout à fait conforme à la pratique du droit romain (p. 14) ; il est attesté par Jean d’Antioche, auteur qui a écrit au temps d’Héraclius (viie siècle) et qui semble avoir copié sur ce point le chronographe égyptien Panodorus, contemporain d’Arcadius. Ce texte a été reproduit ensuite par Suidas et par plusieurs autres auteurs. Ces auteurs disent expressément que « Dioclétien fit brûler vers l’an 290, les anciens livres de chimie des Égyptiens relatifs à l’or et à l’argent, afin qu’ils ne pussent s’enrichir par cet art et en tirer la source de richesses qui leur permissent de se révolter contre les Romains »[3].

  1. Η θεουργική τέχνη… συμπλέκει πολλάκις λίθους.De mysteriis, section V, ch. xxiii.
  2. Ms. 2.327, fol. 266 et 267.
  3. Διοκλητιανὸς τὰ περὶ Χημίας ἀργύρου καὶ χρυσοῦ τοῖς παλαιοῖς αὐτῶν γεγράμμενα βιβλια διερευνησάμενος ἔκαυσε, πρὸς τὸ μηκέτι πλοῦτον Αἰγυπτίοις ἐκ τῆς τοιαύτης περιγίνεσθαι τέχνης, μ' τε χρημάτων αὐτοὺς θαρρούντας περιουσίᾳ τοῦ λοιποῦ Πωμαίοις ἀνταίρειν.Jean d'Antioche, dans les Extraits de Constantin Porphyrogénète, publiés par Valois, p. 834. — Suidas a reproduit textuellement ce passage.