Page:Berthelot - Les mystères de Montréal, 1898.djvu/93

Cette page a été validée par deux contributeurs.
92

coup. Je ne sortirai que la nuit et sous un déguisement qui trompera la police. Maintenant jurez-moi que vous allez être discrète comme la tombe.

La mère Sansfaçon se joignit les mains et dit : Je vous jure ma grande conscience du bon Dieu.

— C’est bien, reprit Cléophas, maintenant nous allons faire l’inventaire du contenu de cette valise.

Cléophas ouvrit la malle et en sortit les pièces d’or qu’il se mit à ranger par rouleaux sur la table.

Il y avait $450,000 en or et environ $75 en argent ou en monnaie anglaise.

La mère Sansfaçon n’en pouvait croire ses yeux. Elle se pensait dans le royaume des rêves.

Cléophas fit cinq ou six paquets avec l’or et l’enveloppa de vieux linges. Il plaça le trésor dans deux boîtes de bois dont il vissa solidement les couvercles.

Cet or, dit-il, ne doit pas rester ici bien longtemps. Je trouverai un endroit sûr pour le cacher. À minuit demain l’affaire sera faite.

Il passa à la bonne femme une vingtaine de piastres en acompte sur sa pension et après avoir réveillonné avec une tranche de tourquière froide, il alla se coucher sur le banc-lit au fond de la salle. Les vieux coussins de la voiture de nuit du père Sansfaçon lui servirent d’oreiller et il s’abrilla avec une vieille peau de carriole.

La bonne femme se retira dans sa chambre à coucher où elle ne ferma pas l’œil de la nuit tant elle avait été mise hors de ses gonds par les révélations de Cléophas.

Cléophas passa la journée à la maison. Pour tuer le temps il avait envoyé Cunégonde à la grocerie du coin pour lui acheter toutes espèces de boissons et de friandises.

Vers neuf heures du soir Cléophas sortit de la maison et se dirigea vers l’Hôtel du Canada.


Hôtel du Canada.