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— Donnez-moi, monsieur, n’importe quel job et vous verrez que je suis fidèle. Pour de l’argent je ferai tout.

Cléophas sortit pour visiter les auberges du village et retrouva le comte après son souper dans l’hôtellerie.

Bouctouche avait fait entrer le petit Pite dans sa chambre et lui dit :

— Écoute, mon petit, je t’ai donné de l’argent et pendant une semaine tu t’es amusé autant que tu as voulu. Aujourd’hui j’ai résolu de te mettre au collège, afin que tu apprennes tout ce qu’il faut pour devenir un gentilhomme. Tous les mois Cléophas ira te voir et te porteras l’argent qu’il te faudra pour payer ton instruction et t’amuser avec tes petits camarades.

Maintenant il se fait tard et tu vas te retirer dans ta chambre. Afin que tu dormes bien, je vais te donner un verre de vin de Port chaud. Ça te fera ronfler comme un moine.

Le comte appela Cléophas et commanda une consommation.

Cléophas rentra quelques instants après avec deux verres.

Le petit Pite après avoir bu le sien sentit sa tête s’appesantir.

Le soporifique commençait à produire son effet.

L’opération du tatouage se fit dans le salon privé de l’hôtel sans que l’enfant échappât à l’influence du soporifique.

Cléophas avait travaillé artistement. Le castor et notre devise nationale furent gravés dans l’épiderme du petit Pite avec une ressemblance frappante.

Pendant quelques minutes après l’opération l’enfant resta sous l’influence du narcotique.

Lorsqu’il se réveilla il ne se doutât nullement de ce qui s’était passé pendant son sommeil. Le lendemain matin le comte de Bouctouche et Cléophas conduisirent le petit Pite au Collège Ste-Thérèse.


Le directeur du collège.