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Pite résonna du pocket money que lui avait donné le comte.

Cléophas n’avait pas une mise des plus propres. Comme il s’était engagé à suivre le comte dans des pérégrinations mystérieuses, une tenue décente était de rigueur.

Le comte l’envoya chez un tailleur de la rue Notre-Dame qui prit sa mesure pour un suit neuf.

Il fut entendu entre le comte et Cléophas que le départ pour la campagne serait fixé à une date ultérieure.

Le comte savait que Caraquette l’attendait à St-Jérôme.

Le comte, Cléophas et le petit Pite prirent des chambres à l’hôtel Rasco, rue St-Paul, en attendant le voyage.

Cléophas et Ti-Pite se la coulèrent douce pendant cinq ou six jours en attendant les ordres de leur maître.

Le comte était reparti pour St-Jérôme où il posa en minéralogiste et en géologiste experts.

Il fit connaissance avec les notables de l’endroit et eut avec eux des relations les plus agréables.

Trois mois après la mort du vicomte, il fit une excursion dans les environs du village. Sur une terre qui paraissait improductive, il découvrit du minerai de fer, des marcassites, des pyrites de cuivre et des veines d’argent.

Il expliqua aux villageois comment les Laurentides appartenaient à la formation secondaire et qu’elles devaient contenir des mines de charbon et d’anthracite aussi riches que celles de Newcastle. Bouctouche sema l’argent sur ses pas et ne tarda pas à jouir de la plus haute considération dans le village.

Caraquette, qui était en pension à l’Hôtel Beaulieu, observait tous les mouvements du comte.

Il ne desserra pas les dents sur le but de son voyage à St-Jérôme. Sauf la rencontre qu’il eut avec le comte de Bouctouche dans la buvette de l’hôtel, il n’attira aucunement sur lui l’attention des gens de St-Jérôme. Il passait pour un Montréalais en villégiature, amateur de la chasse et de la pêche.

Il avait soin d’éviter le comte dans toutes ses promenades.

Comme exécuteur testamentaire de St-Simon, il faisait toucher tous les mois au comte de Bouctouche des sommes considérables. Il ne pouvait couper les vivres à son ennemi que lorsqu’il aurait la preuve légale de la mort du vicomte.

Laissons maintenant Caraquette à St-Jérôme et retournons à Montréal.