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Les Mystères de Montréal


ROMAN DE MŒURS
par
HECTOR BERTHELOT




I

PROLOGUE.


C’était en 1879.

Mai répandait ses premières fleurs et sa verdure printanière sur le Jardin Viger, à Montréal.

La brise était tiède, le jardin était empli de murmures confus et du piaillement des moineaux.

L’herbe repoussait vert et drue ; les marguerites blanches et les liserons bleus s’épanouissaient un à un au milieu de l’herbe à puce et de la carotte à Moreau.

Les fontaines babillaient sur leur lit de cailloux, et la nature entière semblait entonner un hymne d’amour vers l’Éternel.

Une jeune fille entra dans cette Éden, et alla s’asseoir sur un banc ombragé par le feuillage touffu d’une plaine.

Elle était grande, svelte, avec les épaules et les hanches bien développées, son visage extrêmement pâle indiquait une nature frêle tandis que ses bras ronds dessinés en vigueur par une robe demi-collante, garnie d’un « pull-back » en soie noire, démentait heureusement la promesse de son visage.

Le soleil était à son zénith, la température du parc était insupportable.

La chaleur était torrifiante.

La sueur perlait à grosses gouttes sur le front d’albâtre de la jeune fille. Elle sortit d’un satchel un numéro du « Nouveau-Monde » et s’en