Page:Berthelot - Les mystères de Montréal, 1898.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.
26

Les pompiers avaient essayé vainement de l’empêcher d’entrer, car il courait à une mort certaine.

Après une vingtaine de secondes, qui avaient semblé une éternité pour les spectateurs, il reparut tenant dans ses bras la forme d’une créature évanouie, enveloppée dans une épaisse couverte.

Il pressait dans ses bras la pauvre Ursule qui avait été oubliée sur son lit.

La jeune fille convalescente n’était pas assez forte pour se lever de sa couche et échapper à une mort terrible.

Cléophas porta son précieux fardeau dans le bureau d’un médecin en face de l’église St-Pierre.

Le docteur, avant de donner à Ursule les premiers soins de l’art, exigea que la foule des curieux qui s’était assemblée dans sa maison, se dispersât immédiatement afin de ne pas nuire à ses opérations.

Cléophas lui-même, avant de découvrir la figure de sa bien-aimée, fut obligé de sortir de l’appartement où le médecin resta seul avec Ursule. Le docteur constata un cas d’asphyxie et il eut recours à des frictions avec un morceau de flanelle chaude. Il fit ensuite respirer à la jeune fille de l’ammoniaque et de l’éther. Il lui mit sous le nez de l’acide sulfureux obtenu en faisant brûler des allumettes soufrées.

Il porta d’autres excitants sur la muqueuse buccale et nasale. Il lui chatouilla la luette et les fosses nasales avec les barbes d’une plume.

Ce traitement au bout d’une demi-heure produisit son effet. Ursule commença à respirer et éternua avec succès.

Le médecin permit alors à Cléophas d’entrer dans l’appartement où la jeune fille reposait sur un sofa.

En voyant les ravages horribles de la picotte sur la figure de son idole, Cléophas faillit sécher de frayeur.

Il crut qu’il était sous l’empire d’un cauchemar.

Son cœur se brisa et il dut s’accoter sur la cloison pour s’empêcher de tomber.

Malgré les soins que le docteur prodiguait à la malade, son état empirait.

Des symptômes aigus succédèrent au marasme qui avait suivi l’asphyxie.

La fièvre redoublait, la tête était prise. Les saignées, les sangsues, rien ne put calmer le mouvement du pouls.