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Après avoir salué le père et la mère Sansfaçon qui lui offrirent la goutte, il annonça aux invités qu’il n’y avait pas de temps à perdre et qu’il fallait partir au plus tôt.

Ursule sortit de sa chambre en toilette de mariée. Elle était à croquer. Elle s’était fait crêper les cheveux par un perruquier, et sur chacune de ses tempes elle s’était posé deux beaux accroche-cœurs. Elle portait une magnifique robe en gros de Naples et des souliers en satin blanc.

Sa figure était couverte par un léger incarnat et ses yeux brillaient des feux du désir.

Elle s’était corsée très serrée et sa taille était ravissante d’élégance.

Un bouquet de fleurs s’épanouissait à sa ceinture en beau ruban de moire antique.

Elle s’approcha de Bénoni et lui tendit la main avec grâce.

Le marié la conduisit jusqu’à la voiture et prit place à côté d’elle.

Le père Sansfaçon et celui qui devait servir de père à Bénoni prirent place dans la voiture en face des mariés.


XII

PROMENADE EN VOITURES.


Après le déjeuner les gens de la noce remontèrent en voiture pour faire un voyage à Lachine. Bénoni et Ursule, avec le père et la mère Sansfaçon, entrèrent dans le premier sleigh.

Le petit Pite était aussi de la partie et se tenait sur le siège de devant avec le cocher.

Le cortège était composé d’une dizaine de voitures.

La noce fit sensation en passant sur la rue Notre-Dame, car c’était quelque chose de splendide.

Tous les bommeurs s’extasiaient en voyant les toilettes mirobolantes des mariés.

Ursule était rouge comme une pivoine. Bénoni, suffoqué par son bonheur, était d’une pâleur intéressante.

Un sleigh couvert aux stores baissés suivait la procession à une centaine de pieds.

Lorsque la noce eut passé la barrière de St-Henri, le sleigh mystérieux était toujours en arrière.

Rendu à Blue Bonnets le père Sansfaçon fit arrêter les invités