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portait et en tombant elle s’était égratigné la tête sur la glace du pavé.

Ursule reconnut Bénoni qui lui prit le bras et la fit monter dans sa voiture.

La jeune fille raconta à son ami les circonstances de l’accident.

Bénoni avait bien des choses à dire à son ancienne amante qu’il n’avait pas vue depuis le soir de son arrestation.

Tout en conversant, Bénoni conduisit Ursule au magasin où elle devait déposer ses capots.

Lorsque Ursule fut remontée dans la voiture elle dit à son ami qu’elle gagnait sa vie à travailler pour les tailleurs. Le toit paternel lui était devenu odieux depuis que le père Sansfaçon se livrait à la boisson et maltraitait sa mère dans ses ribottes.

C’était la veille du Jour de l’An et Ursule se proposait d’aller passer la veillée avec ses parents.

Bénoni lui dit qu’il se rendait immédiatement chez le père Sansfaçon qui attendait son agrès pour commencer à rouler.

Les deux amants, quelques minutes après, étaient dans le domicile du vieux charretier. Ce dernier avait roupillé pendant tout l’après-midi et était devenu sobre comme un juge de la Cour de Circuit.

La mère et la fille s’embrassèrent dans une étreinte d’affection touchante.

Le père Sansfaçon était enchanté de voir l’enfant qu’il croyait perdu.

Bénoni se mit à table avec la famille et fut un véritable bout-en-train pendant tout le repas.

Le vieux charretier immédiatement après son souper, prit son agrès et se rendit sur la « stand », où la nuit promettait d’être exceptionnellement bonne.

Les deux amoureux se contèrent toutes leurs aventures depuis leur longue séparation.

Ursule était toujours la même : son cœur n’avait pas changé.

En maintes et maintes occasions elle avait été l’objet des attentions de quelques jeunes gens qui ne cherchaient qu’à effeuiller sa couronne de vertu. Elle avait repoussé leur hommage et elle gardait pour Bénoni les prémices de l’amour le plus pur.

Ursule s’était détachée de la comtesse de Bouctouche dont les allures lui semblaient suspectes depuis sa sortie de prison.

La veuve habitait une maison richement meublée sur la rue Ste-Élisabeth et ses moyens d’existence semblaient problématiques.