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Il descendit dans la buvette de l’auberge et avala deux ou trois verres de boisson forte.

Il reprit un courage factice et remonta à sa chambre.

Il mit une cinquantaine de dollars dans son gousset, et referma le coffret.

Il pensa au père Sansfaçon qui allait être alarmé par l’absence prolongée de son ami.

Il fit atteler son cheval et se mit en route pour la résidence du vieux cocher. Il était alors cinq heures et il faisait déjà nuit.

Il put suivre la rue St-Joseph sans craindre d’être molesté par la police.

La vieille rosse, ravigotée par une bonne portion d’avoine, avait pris une allure assez raisonnable.

Bénoni, en traversant le carré Chaboillez, se sentit frissonner sous les atteintes du froid.

Il était riche ; pourquoi se refuserait-il le luxe d’un ulster ?

Il entra chez Beauvais et acheta, pour $10, un pardessus d’hiver qui lui allait comme un gant.

Il continua ensuite sa route et suivit la rue Notre-Dame jusqu’à la Place d’Armes où il fut obligé de faire un écart afin d’éviter un cheval qui avait pris le mors aux dents.


Il y avait un rassemblement…

Il y avait un rassemblement au coin de la rue St-Sulpice. Bénoni entendit quelqu’un disant qu’une jeune fille venait d’être écrasée.

Il arrêta son cheval, descendit de voiture et pénétra dans le groupe formé autour de la victime de l’accident.

Il voulut voir les traits de la jeune fille. Il s’avança au premier rang et vit Ursule soutenu par deux charretiers qui étanchaient avec leurs mouchoirs quelques gouttes de sang sur une blessure à la tête.

La jeune fille avait eu plus de peur que de mal. Au moment de l’accident elle portait dans ses bras une douzaine de gros capots qu’elle portait à un magasin de confection en gros.

Le timon de la voiture avait frappé les marchandises qu’elle