Page:Berthelot - Les mystères de Montréal, 1898.djvu/108

Cette page a été validée par deux contributeurs.
107

Rendu communicatif par des libations copieuses, l’homme au chapeau de castor gris raconta à Cléophas une partie des circonstances qui l’avaient forcé de séjourner à Montréal. Il expliqua à son ami l’origine de la fortune des Simon, la manière dont elle avait passé entre ses mains, et comment elle avait été dérobée par un voleur audacieux.


IV

OÙ CARAQUETTE EST FÂCHÉ.


Cléophas était une fine mouche et ne se laissa pas leurrer par les promesses et les confidences de son ami.

Caraquette, qui suspectait du vol un agent de la famille de Bouctouche, croyait arracher le secret de Cléophas, mais il avait fait un fiasco complet.

Cléophas, de son côté, n’aimait pas Caraquette qu’il ne croyait pas étranger à l’attentat de St-Jérôme.

Il s’était assuré au cours de l’après-midi que son trésor était intact et il avait hâte de se débarrasser de la présence de l’homme au chapeau de castor gris pour courir au vieux cimetière des soldats.

Caraquette en cherchant son voleur avait fait buisson creux.

Il se sépara de Cléophas en se promettant d’épier tous ses mouvements.

Caraquette sortit le premier de l’Hôtel Rasco et alla se cacher dans une cabane d’un marchand de volailles, du Marché Bonsecours, d’où il pourrait voir sortir Cléophas et ensuite le suivre à la piste sans être observé.

Au coup de onze heures, Cléophas qui s’était amusé dans la buvette avec quelques voyageurs de la Mattawin, sortit de l’hôtel.

Caraquette quitta sa cachette et le vit diriger sa marche du côté des casernes.

Il suivit Cléophas à une centaine de pas en arrière, car il craignait que le bruit de la glace qui craquait sous ses pieds, ne trahit ses mouvements.

Cléophas suivit la rue St-Paul, traversa le carré Dalhousie et s’engagea sur la rue Craig, dans la direction du chemin Papineau.

Le ciel s’était couvert d’épais nuages et le Nord-Est soufflait avec violence.

Les principales rues de la métropole n’étaient pas éclairées parce que la lune, d’après les calculs de la compagnie du gaz, devait pa-