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CAMURIKN

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pourprés largement étendu, d’une part au travers de la pointe de la Elague sur 25 kil.de longueur, de l’autre entre Cherbourg et Auderville, offrent cet intérêt de n’être plus exclusivement quartieux comme ceux de la liretagne et de la Normandie ; ils contiennent des galets volumineux de roches très variés, parmi lesquelles figurent, avec des grauwackes archéennes, des roches porphyriques du type pétrosilicenx et microgranulilique, qui annoncent le démantellement d’un grand n. assit’ porphyrique archéen dont l’affleurement est maintenant masqué par les eaux de la Hanche. Une nouvelle preuve en est fournie par ce fait que de pareils galets s’observent nombreux dans les poudingues pourprés des lies anglo-normandes, à la pointe sud d’Aurigny (A. Bigot, les Iles anglo-normandes ; Bull, delà Soc. gêol. de France, 1888, t. XVI, 3 u sér.). Dans la Mayenne, des observations récentes de M. OEblert ont montré’ ensuite qu’à la limite de ce département et de la Sartbe, dans le massif des Coévrons, le cambrien, avec une constitution bien voisine de celle du Cotantin, offrait un remarquable développement de roches éruptives, brèches porphyritiques et porphyres pélrosiliceux, comprises entre deux niveaux de grès, l’un renfermant les lingules du cambrien supérieur ; l’autre, inférieur, directement superposé aux schistes rouges avec calcaires magnésiens associés. Ce l’ait intéressant annonce que la Sarthe a été le théâtre, pendant l’époque cambrienne, d’une grande activité éruptive, si l’on en juge par l’étendue et l’épaisseur des produits épanchés ((Ehlert, C. rend. de l’Acad. des sciences, 17 juin 1889).

Dans l’Est, la région des Ardennes présente, à son tour, un second type très remarquable de l’étage cambrien, caractérisé par la prédominance marquée du faciès schisteux. Les roches dominantes du cambrien ardennais sont, en effet, des phyllades, c.-à-d. des schistes durs, fissiles à éléments cristallins, susceptibles d’être exploités comme ardoises quand, à la fissilité qui permet de les fendre en feuillets minces, ils joignent une grande ténacité, ainsi qu’une résistance bien marquée aux agents atmosphériques. Cette schistosité développée par pression, sous l’influence des puissants efforts de refoulement latéraux qui ont redressé ces phyllades, est alors le plus souvent oblique à la stratification, et c’est dans ces conditions que se présentent les meilleures ardoises ; des quarlzites très résistants, fournissant à Monthermé un caillou d’empierrement renommé pour sa dureté, viennent, à de nombreuses reprises, s’intercaler au milieu de ces phyllades, tantôt en bancs isolés bien réguliers, tantôt directement superposés en massifs puissants ou seulement séparés par un simple joint schisteux ; d’autres fois on les observe disposés en zones régulières ou lenticulaires de 0,01 à 0,001, alternant régulièrement avec des schistes durs d’épaisseur égale, en donnant lieu à des quartzophyllades. Le trait saillant de toutes ces roches cambriennes, c’est leur état franchement cristallin. Dans les qnartzites, où les débris quartzeux recristallisés sont cimentés par du quartz grenu secondaire, on constate la fréquence de la tourmaline. Les éléments constituants des phyllades sont ensuite, avec de petits grains de quartz microscopiques, allongés dans le sens de la schistosité, la chlorite en lamelles verdàtres disséminées dans la roche, et la séricite, dont les lamelles blanches, fibreuses, enchevêtrées, forment la masse fondamentale du schiste ; des microlithes de rutile et de tourmaline, en raison de leur constance, figurent de même comme éléments essentiels dans le sens de la schistosité, des microlithes de rutile et de tourmaline, la chlorite en lamelles verdàtres disséminées dans la roche, et la séricite, dont les fibres blanches enchevêtrées forment la masse fondamentale ; à ces éléments essentiels l’analyse microscopique ajoute un certain nombre de petits cristaux accidentels, discernables seulement à un grossissement de 400 diam., (oltrélite, grenat staurotide, oligiste, magnétite, fer titane), qui parfois se développent au point de devenir visibles à l’œil nu, et de donner lieu à des variétés spéciales, caractéristiques de certaines assises. Knfin, il convient de signaler la fréquence, dans le cambrien ardennais, de puissants tilons de quartz blanc, marquant les points d’arrivée de la silice, qui a transformé en quarlzites des roches originairement gréseuses, et surtout celles de roches éruptives amphiboliques (dioritetj ou porphyriques (porpltyroïdes, eurites), régulièrement i nier stratifiées au milieu des schistes, en filons-couches à texture rubannée ou bréchiforme. Dans la vallée de la Meuse, notamment aux environs de Mairus, de Laifour, et de la Petite-Commune, on connaît maintenant plus de cinquante gisements de ces roches cristallines, qui constituent un des traits caractéristiques du cambrien ardennais ; notamment les porphyroïdes ou des cristaux de quartz dihexaédrique bleuâtres, et de très gros cristaux d’orthose, auréolés d’oligoclase, se détachent sur une pâte grisâtre d’apparence compacte, mais qui apparaît entièrement cristallisée sous le microscope et se résout en une association microgranulitique de quartz et d’oligloclase, avec un remarquable développement de phyllites (biotite, séricite), disposées en traînées fluidales. Pendant longtemps, en raison de leur apparence slratiforme, de leur texture souvent gneissique (porphyroïde schistoide riche en séricite), et surtout aussi de ce fait que les schistes encaissants se montrent chargés de quartz et de feldspath, une certaine incertitude a régné sur le mode de formation de ces roches ; plusieurs auteurs, les retranchant du domaine éruptif, attribuaient à des actions métamorphiques ultérieures le remarquable développement de minéraux qu’elles présentent, ou bien à une cristallisation spéciale, opérée dans le fond de la mer où se déposaient les sédiments encaissants. Aujourd’hui leur origine interne est admise sans contestation, et on ne saurait douter qu’elle ne soit le produit d’une pénélration filonienne, au travers des schistes ardennais, d’éléments granulitiques, issus d’une masse qui, n’ayant pu arriver au jour, se serait consolidée en profondeur. Cette hypothèse, en effet, qui pouvait paraître hasardée au moment où elle a été émise (Lossen, Michel Lévy, Danois, 1882), a été pleinement justifiée par la mise à jour, en 1884, au travers des schistes cambriens de la région ardennaise, lors de l’exécution du chemin de fer d’Aix-la-Chapelle à Montjoie, d’un massif de granité à deux micas (granuiite), dont l’effleurement coïncide exactement avec la ligne de faite du plateau tourbeux des Hautes-Fanges. L’existence de pareils massifs, sous la vallée de la Meuse (fig. 2), devient donc très probable et seule peut rendre compte des divers effets de métamorphisme observés dans les roches cambriennes de l’Ardenne ; en particulier du remarquable développement de la tourmaline, aussi bien dans les quarlzites que dans les schistes.

Ces phyllades et quartzites cambriens dessinent, dans la région ardennaise, une large bande qui s’étend depuis llirson jusqu’en Allemagne, en comprenant deux massifs principaux ; le premier celui de Rocroy, situé tout entier dans la haute Ardenne française (de l’E. à l’O., entre Mondrepuits et Louette-Saint-Pierre ; du N. au S., entre Kepin et Arreux), reste limité aux assises Devilliennes et Reviniennes de Dumont (1847), réunies depuis par M. Gosselet sous le nom d’étage Devillorevinien, ou cambrien inférieur, qui se compose, de la sorte, des assises suivantes, toutes concordantes, fortement redressées et plongeant régulièrement vers le S. : 1° zone des ardoises violettes oligistifères de Fumay ; 2° zone des schistes et quartzites noirs pyritifères de Revin ; 3° zone des ardoises bleues et vertes aimant ifères de Devillo ; 4° zone des schistes noirs de Bogny. Le second massif, celui de Stavelot, après avoir présenté une longue suite de schistes et de quartzites synchroniques des précédents, mais plus fragiles et moins cristallins, se complète par une série supérieure, encore puissante, de phyllades verts et de schistes avec quartzites en bancs très minces (quarlzopbyllades de la Lienne), puis de schistes oligistifères (avec