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BIBLIOTHÈQUE NATIONALE. La UiMiolluViiio nationale de France a changé de nom avec les ditlérents régimes. Elle a élé appekV tour à toiu’ liildiotht’que durci ou royale Bibliothèque impcnale et Uilihotlièque nationale. Elle a iHé longtemps la hililiotlièque peisonnelle des rois de France avant de devenir un dt’pôt public mis au service des savants de tous les pays.

I. Historique. — Pi’pin le lîref est le premier do nos rois qui ait. semble-t-il, possédé un certain noudire de manuscrits. Nous voyons le pape l’aul l" lui annoncer dans une lettre l’envoi île plusieurs ouvrages. Cliarlemagne l’orma à Aix-la-Chapelle une bibliothèque qui parait avoir cMé très considérable pour l’époque. Il eutîi sa cour un atelier de co|)istes d’où sortirent de nombreux volumes. Les uns furent gardés pour le service de l’école du palais ou pour l’usage des membres de la t’amille imjiériale, les autres furent donnés à ditlérents monastères, (’/est de Cliarlemagne que vienn<’nt l’évangéliaire écrit en 781 ouTS’ipar Codescalc, conservé à la Bibl. nat. sous le n" 1993 des nouvelles acquisitions latines et le psautier copié par Dagulf (pii est aujourd’hui à la bibliothèque de Vienne. A sa mort tous les livres qu’il avait réunis furent dispersés ; il avait donné l’ordre de les vendre et d’en distribuer le jirix aux pauvres. Louis le Pieux tit aussi une collection de manuscrits, mais elle ne semble pas avoir eu grande importance. L’évangéliaire qu’il envoya à l’abbaye de Saint-Médard de Soissons est conservé aujourd’hui sous le n" 8830 du fonds latin. Le manuscrit latin 9573 contient un commentaire sur la Genèse qu’il avait fait copier en 811 à Chasseneuil en Poitou. Il nous reste de Charles le Chauve deux Bibles (fonds latin 1 et "2), un livre de prières (fonds latin 1132) et des évangiles (bibliothèque de Munich) qui sont cités depuis longtemps comme les plus beaux spécimens de la calligraphie du ix" siècle.

faut ensuite descendre jusqu’à saint Louis pour 

trouver, sur les livres possédés parles rois de France, des renseignements qui méritent d’être notés. Les témoignages de Geoffroy de Beaulieu et du confesseur de la reine Marguerite sont tout à fait explicites. Louis IX avait réuni et fait placer dans une pièce de la Sainte-Chapelle une véritable bibliothèque. 11 y venait quelquefois travailler lui-même et y laissait entrer volontiers les savants ou les religieux qui lui en faisaient la demande. 11 légua en mourant ses manuscrits à quatre communautés religieuses. Nous citerons, parmi les volumes de saint Louis qui nous restent, un psautier qui, après avoir appartenu à Charles V et à Charles VI, était passé au couvent de Poissy et de là en Russie, et nous a été rendu, sous la Restauration, par le prince Galitzin. 11 porte le n" lOS^io du fonds latin. Les premiers successeurs de saint Louis ne montrèrent pas pour les livres le même goût que lui. Différents ouvrages leur furent bien dédiés, mais ils ne semblent pas avoir songé à faire de collection sérieuse. Le roi Jean témoigna toujours beaucoup de goût pour les livres. 11 s’en occupa même pendant sa captivité. 11 avait avec lui, en 13o6, à la bataille de Poitiers, une Bible historiale qui est aujourd’hui au Musée britannique et le livre des Miracles de Notre-Dame de Gautier de Coincy qui est maintenant au séminaire de Soissons. C’est (Charles V néanmoins qui doit être considéré comme le véritable fondateur de la Bibliothèque du roi. Il est le premier en effet à avoir organisé une bibliothèque, non plus seulement pour satisfaire ses goûts personnels mais pour fournir aux savants des moyens de travail. Voici ce qu’en dit Christine de Pisanqui avait pu la voir à plusieurs reprises. « Ne dirons-nous encore de la sagece du roy Charles, la grant amour qu’il avait à l’estude et à science ? Et qu’il soit ainsi, bien le remontroit par la belle assemblée de notables livres et belle librairie qu’il avoit de tous les plus notables volumes qui par souverains auteurs aient esté compilés ». Charles V ne se contenta pas d’acheter ou de faire copier les livres qui étaient alors les plus appréciés, il en fit traduire d’autres « pour l’utilité du

— titi’.' - BIBLIOTHEQUE NATIONALE

Kii.iiiiiieet de toute la chrestienté ». Les plus célèbres des traducteurs qu’il em|)loYa furent Denis Foulechat, Jacques liaucliaiit, Jean (Joulain, Nicolas Oréme et Raoul de Presles. En I3()7 ou 13G8, il lit porter ses livres du palais de l’ile de la Cité à la tour de la Fauconnerie, au Louvre, et les y installa dans trois pièces ipi’il avait fait soigneusement préparer. Gilles Malet, son valet de chambre, à qui il en avait confié la garde, en dressa l’inventaire en 1373. Jean Itlaïuliet en lit le récolement en nov. 1380, sur l’ordre du duc de Bourgogne. Après la mort de Gilles Malet, survenue en janv. 1411, Jean Le Bègue, grellier de la Chambre des conqites, fut chargé d’en dresser un nouvel inventaire. Le travail l’ut fait, en très grande jiartie, sinon en entier, par Oudart Boschot, comme le prouve une pièce i|ue M. G. Raymond vient de publier. M. L. Delisle a réimprimé ces inventaires, mal publiés par Van Praet, et dressé, en combinant les renseignements qu’ils tournissent, une liste méthodique des livres dont se composait la bibliothèipie de Charles V. Nous trouvons la signature de ce prince sur plusieurs des manuscrits que nous possédons de lui et en particulier sur les manuscrits 437, 10()4et 3707 du fonds français. Une bande tricolore sert d’encadrement aux miniatures d’un grand nombre de manuscrits exécutés pour lui. Cette belle bibliothèque ne subsista pas longtemps dans son intégrité. Elle fut |)our ainsi dire mise au pillage par les différents membres de la famille royale. On allait y prendre «comme dans un magasin commun » tous les volumes à sa convenance et l’on ne se donnait pas la peine de les y réintégrer. Charles VI lui-même se rendit coupable d’une pareille négligence. Il tira de sa librairie, pour son usage personnel, différents ouvrages qu’il n’y lit jamais remettre. En avr. 1424, trois libraires furent chargés d’estimer ce qui restait de cette collection. Elle fut achetée par le duc de Bedford qui en prit délinitivement poissession le 22 juin 1423. Elle resta à peu près intacte, semble-t-il, entre les mains de ce nouveau propriétaire, mais elle fut dispersée en 1433 après la mort du duc. 11 ne subsite peut-être pas aujourd’hui, de l’avis de M. Delisle, l’homme le plus compétent qu’on puisse citer en pareille matière, la vingtième partie des 1,200 volumes qui composaient la librairie du Louvre. Louis duc d’Anjou et surtout Jean duc de Berry, dont le goût était si délicat, formèrent dans leurs châteaux, à l’exemple de leur frère Charles V, des librairies dont les débris vinrent, après un temps plus ou moins long, enrichir la Bibliothèque du roi. La collection de livres formée aussi par Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, et considérablement augmentée par ses successeurs, est devenue le noyau de la bibliothèque de Bruxelles. Charles VII ne fit presque rien pour reconstituer la librairie du Louvre. Louis XI n’y mit pas beaucoup plus de soin. Il ne lit pas d’acquisition importante et ne profita pas, comme il aurait pu le faire, des excellentes occasions que les événements lui fournirent. Ainsi il ne sut presque rien tirer des collections qui furent mises entre ses mains, en 14G9 par l’arrestation du cardinal Balue, en 1 1472 par la mort de Charles, duc de Guyenne, et en 1477 par la condamnation de Jacques d’Armagnac, duc de Nemours. Nous devons toutefois reconnaître qu’il donna des encouragements à des traducteurs, à des copistes et à des enlumineurs. Le célèbre Jean Fouquet de Tours travailla pour lui. Charles Vlll n’augmenta que dans une faible mesure la collection de livres laissée par son père. Il rapporta d’Italie quelques manuscrits de la bibliothèque des rois de Naples, mais non les plus précieux, comme on l’a souvent dit. C’est pourtant la collection de Charles Vlll qui devait constituer le véritable noyau de la Bibliothèque nationale. Louis XII la fit porter à Blois et la réunit à la précieuse bibliothèque qui avait été formée dans ce château par son aïeul Louis d’Orléans, fils de Charles V, et par son père Charles d’Orléans le poète bien connu. En 1499 ou 1300 il s’appropria la riche collection de livres que les ducs de Milan avaient réunie dans leur château de Pavie. C’est en même temps sans doute qu’il