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BLOIS

Armoiries de Blois,

d’Orléans ; quant au loup, noua n’eu trouvons d’autre signification que dans le souvenir de l’étymologie, indiquée au commencement, du nom de lilois, la forme celtiiiiie lilei :, ayant pu se perpétuer pendant le moyen âge dans le dialecte de la région. Les

armes actuelles de lîlois ont con-

servé les mêmes symlioles : en

voici la description, telle que

nous la fournissent les lettres

patentes de Louis XVII[ datées

du 8 mars 1817 : d’argent,

à U7i (’cusson en abime, d’a-

zur, chargé d’une fleur de li/s

d’or, accosté à dextred’un porc-

épic, à senestre d’un loup dt’

sable confrerampanis et acco-

lés, d’or.

Reprenons l’ordre chronolo-

gique des événements principaux

dont Blois a été le théâtre. Anne de Bretagne y mourut, dans les bâtiments neufs du château construits par Louis XII, le 9 janv. loli. La mort de ce roi, qui survint un an après, n’eut pas, heureusement, pour efiet de mettre fin à la faveur que le hasard d’une naissance et le charme de sa situation avaient value à la ville ; bien au contraire, car sous les Valois, Rlois demeura le séjour presque constant et pour ainsi dire ofticiel de la cour (V. plus bas le chapitre relatif au château). On sait que les iiabitants fie la vallée de la Loire furent de ceux qui accueillirent la Réforme avec le plus d’empressement. Dès 1530, Blois comptait des luthériens, dont le nombre ne fit que s’augmenter chaque jour, et, vers lo56, un temple protestant y fut fondé par l’apôtre le plus fervent des nouvelles doctrines, Simon Brossier. Les guerres de religion ne tardèrent pas à suivre et vinrent encore désoler le pays. A deux reprises, en 1562 et en 15()7, Rlois fut pillée par les troupes du prince de Condé et celles des Guise qui se disputaient sa possession. Moins de dix ans après, cependant, ces désastres durent être réparés car la ville put être choisie pour lieu de réunion des Etats généraux de 1576, et de nouveau elle reçut ceux de 1588, tristement célèbres par l’assassinat du duc de (luise et de son frère le cardinal. Après cet attentat, Henri III quitta Blois pour n’y plus revenir, et dès lors la ville perdit toute importance politique. Pendant le xvii® siècle, ses annales n’olTrent guère d’intérêt. Marie de Médicis fut exilée au château de Blois en 1617, après la mort de Concini ; elle y resta deux ans, entourée d’espions et presque prisonnière de son fils ; dans la nuit du 20 févr. 1619 elle réussit à s’évader en descendant par une échelle de corde dans les fossés du château. Quelques années plus tard, Louis Xm donnait en apanage à son frère (iaston le duché d’Orléans et les comtés de BJois et de Chartres. Ce fut Blois que le nouveau duc choisit comme résidence et il y resta jusqu’à sa mort en 1660. Cette résidence de plus de vingt années fut un bienfait pour les Rlésois ; ils n’eurent qu’à se louer de sa bonté, et la ville entretient encore aujourd’hui un hôpital fondé par lui dans le faubourg de Vienne. La révocation del’édit de Nantes, en dépouillant et exilant les nombreuses familles de religionnaires (parmi lesquelles celle de Denis Papini dont beaucoup appartenaient à la bourgeoisie, porta un coup terrible à la prospérité du pays. Le gouvernement de Louis XIV employa tous les moyens d’y remédier, et notamment, fit de Rlois, en 1697, le chef-lieîa d’un évêché : ce fut en vain, et les conversions achetées ou imposées par la force ne purent compenser la dépopulation. Il sulfit de quelques mots pour rappeler les faits dont Rlois a été le théâtre depuis cent ans. La Révolution y fut acceptée avec enthousiasme et sans effusion de sang, grâce au célèbre abbé Grégoire, évêque constitutionnel du diocèse pendant les années 1791- 1793. L’insurrection vendéenne jeta l’alarme dans la ville, et pour lui couper la retraite au S. de la Loire, les Blésois n’Iiésitèrent pas à faire sauter uue arche du pont. Ils refirent le même sacrifice en 1870, quand l’armée allemande vint caniiier sur la rive gauche, mais sans succès ; un liomb ;ii’ili’ment de quelques heures les força à capituler et à recevoir l’ennemi, qui occupa la ville jusqu’au mois de mars 1S71.

EvÈuuES DE Blois. — David-Nicolas do Rerthier, 1697- 1719 ; Jenn-François-Paul de Caumartin, 1720-1733 ; François de Crussol d’Uzès, 1734-1753 ; Chai-les-Gilhert de May de Termont, 1753-1776 ; Alexandre-François de Mazières de Thémines, 1776-1790 ; Henri Grégoire, évéque constitutionnel, 1790-1793. Après lui l’cvéché de Rlois est réuni à celui d’Orléans par le (’oncordat de 180i et rétabli par ordonnance royale de 1817, mais il n’y est pourvu qu’en 1823 : Philippe-François de Sauzin, 1823- 1844 ; Marie-Auguste Fabre des Essarts, lSi4-1850 ; Louis-Théophile Pallu du Parc, 1850 - 1877 ; Chailes-Honoié Laborde, 1877.

Monuments. — Le château de Blois est un des édifices les plus intéressants de France, autant par les souvenirs historiques qui s’y rattachent que par ses bâtiments où l’architecture de cinq siècles successifs se tionvo représentée. Nous avons dit plus haut à quelle époque reculée remontait l’existence du cnstrum Ùlesensc ; on n’a pas de documents aussi anciens sur celle d’un castelliim, mais il n’est point téméraire d’affirmer que les possesseurs de la ferre, à l’époque carolingienne, durent avoir là une résidence fortifiée. Il est, do même, certain qu’au XIII* siècle cet édifice avait fait place à un château féodal, à peu près analogue à tons ceux qu’a bâtis le moyen âge. Quand on considère le château actuel, on n’y reconnaît tout d’abord que des constructions de la Renaissance et, à côté d’elles, un pavillon massif datant du xvii* siècle, mais un examen attentif permet de distinguer d’importants restes de bâtiments antérieurs, épargnés, ou pour mieux dire, utilisés par les architectes de Louis XII et de François l", et grâce à ces vestiges, il devient possible de reconstituer la physionomie du manoir des anciens comtes de Rlois. C’était un vaste quadrilatère qui couvrait toute la surface du plateau triangulaire, isolé par une tranchée faite de main d’homme, du reste de la colline. Une série de tours rondes flanquaient ses murailles ; à l’extrémité occidentale, l’une d’elles, de proportions plus considérables, constituait le donjon ; à l’angle N.-E., les bâtiments ou le comte faisait rendre la justice, et dont nous avons conservé la salle principale dite aujourd’hui Salle des Etats ; en face, la chapelle de Saint-Calais. L’éiiifice était assez important pour que Froissart, qui y vint plusieurs fois, ait pu le trouver « bel, grand, « fort et plantureux, et des beaux du royaume de « France ». Tel il était au xiv* siècle, tel il resta au siècle suivant ; c’est à peine si Charles d’Orléans y fit faire quelques réparations et les travaux d’entretien indispensables. Dès son avènemer t au trône, Louis XII, qui était né dans le vieux manoir féodal, décida de le reconstruire. Les travaux furent commencés par la façade de l’est où se trouve l’entrée actuelle, au-dessus de laquelle la statue équestre du « Père du Peuple » avait été placée dès 1498 ; renversée par la Révolution, cette statue a été refaite sur le mérae dessin par M. Seurre. Le bâtiment construit par Louis XII ne consiste qu’en cette aile de l’est, qui forme un des petits côtés du quadrilatère ; on ignore quel en fut l’architecte, mais les ressemblances de style sont frappantes avec le Palais de justice de Rouen, ou encore l’hôtel de Cluny à Paris, monuments où les alrchéologues s’accordent à reconnaître les ca ractères de a Renaissance française.

Le style italien apparaît d’une façon presque évidente dans la partie de l’éditice construite par François I»"". II ne serait pas impossible qu’elle fut l’œuvre de l’architecte Dominique de Cortone, dit le Boccador, dont la présence à Blois est constatée entre 1520 et 1330. Quoi qu’il en soit, les deux façades dont elle se compose comptent parmi les