Page:Berthelot - Discours de réception, 1901.djvu/66

Cette page n’a pas encore été corrigée

où vous êtes parvenu, vous n’appartenez plus à telle fraction politique du pays, mais à la nation. Un grand apaisement doit se faire en vous, d’autant plus aisé que vous avez la joie de vous sentir revivre dans le groupe, si éclatant d’intelligence, de vos quatre fils, et qu’ainsi vous êtes assuré de plus d’une façon de durer dans un long avenir et de léguer à la mémoire des hommes quelque chose de vous.

Évidemment, Monsieur, vous êtes un de ceux auxquels songeait Ernest Renan lorsqu’il concevait la planète gouvernée quelque jour par une assemblée de savants qui auraient à la fois la raison et la force. La direction que vous imprimeriez à l’humanité n’aurait rien d’hésitant. Mais l’aristocratie que prévoyait Renan régnerait par la terreur. Je crois que, à ce point de son rêve, vous eussiez abandonné votre ami.

Vous avez beaucoup écrit sur les rapports de la philosophie et de la science. Votre rationalisme est sans tache. Vous êtes un des plus authentiques continuateurs des philosophes de l’Encyclopédie. Vous avez leur optimisme, leurs sentiments à l’égard des religions, leur confiance exclusive dans la raison, leur foi imperturbable au progrès de l’humanité.

Est-ce moi, Monsieur, qui vous reprocherai de