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souvenirs saisissants, dans son histoire de l’ancienne Académie, en racontant comment Laplace fut arrêté longtemps dans sa jeunesse par les jalousies de ses contemporains.

Ce que l’on agitait surtout chez Bertrand, c’étaient les questions de science, de lettres et d’art à l’ordre du jour : la politique étant alors écartée des conversations collectives. Bertrand n’en eut jamais le goût, pas plus que des discussions religieuses ou philosophiques proprement dites.

Il ne s’était jamais déclaré ni royaliste, ni républicain, ni impérialiste, étant peu favorable d’ailleurs à la démocratie. Les seules choses qui fussent pour lui hors de toute discussion étaient la vérité et la vertu, cette dernière par sentiment et comme un attribut obligatoire de la saine nature humaine.

En dehors des mathématiques, où il était égal à toutes les conceptions, il n’aimait pas à s’élever dans ces hautes régions de la pensée où l’air devient difficilement respirable, et où la nécessité de concilier les antinomies de la métaphysique ne permet pas ces raisonnements absolus et définitifs, si chers aux mathématiciens. À cet égard, J. Bertrand s’écartait des savants du dix-septième et du dix-huitième siècle. S’il poursuivait