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le blanc de poulet[1] ». Ah ! mon cher ami, quand j’étais jeune fille, j’aimais tant le blanc de poulet, et je ne pouvais jamais en manger parce qu’il n’y en avait plus dans le plat quand on me le présentait ! Maintenant que je pourrais en manger, je ne l’aime plus du tout, je le trouve horriblement fade. Enfin, il paraît que les médecins, quand ils causent entre eux des jeunes filles, « ont des mots crus qui font peur et vous renseignent exactement sur le degré de poésie que contient ce vase d’élection, une vierge de quinze ans ». Mais d’abord les médecins ne connaissent que les malades, les cas spéciaux et, s’ils s’appesantissent sur ces cas-là, au fumoir, c’est souvent avec un plaisir lubrique de collectionneurs érotiques. Il est inutile d’analyser pourquoi des imaginations masculines peuvent se complaire à cette sorte de jouissance de déclarer véreux des fruits défendus.

En réalité, la plupart des vierges de quinze ans sont de bonnes petites filles bien pures et bien loyales ; elles ont l’âme ronde et lisse comme leur cou et le cœur solide comme leurs mollets. Les directrices de lycée de jeunes filles vous di-

  1. Son Printemps, par Rachilde. Mercure de France.