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Lorsque je serai cueillie.
Je me mourrai de chagrin !
Il faut la laisser, ma belle.
Et chercher plus loin.

Les grandes ont chanté des chœurs de Schumann ; elles ont joué gaiement et simplement une comédie de Verconsin d’un charme vieillot et démodé, une comédie dans laquelle on a de beaux noms nobles comme on en inventait au temps d’Octave Feuillet.

Et c’était délicieux. Ma maturité s’attendrit sur l’adolescence féminine. Quelle créature humaine est plus jolie qu’une créature féminine de quinze ou seize ans qui est encore une enfant et qui est déjà une femme ? Qu’est-ce qui peut donner mieux une impression de fraîcheur, de grâce vigoureuse, de force latente et de joie saine ? Je pense quelquefois maintenant que j’ai eu cet âge là. Mais je ne m’en apercevais pas et c’est à présent que je me sens de l’amitié, une amitié un peu mélancolique, pour la petite personne souple et menue que je vois vivre dans mon passé. Oh ! je sais bien, on dit que les jeunes filles de quatorze à seize ans ont des préoccupations inavouables, des curiosités perverses, des goûts dépravés. Les unes « mangent leurs pellicules » et les autres « n’aiment pas