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fère et s’attendrir parce qu’elles ont poussé ou fleuri. Qui sait toutes les consolations que peut donner un melon ou un concombre parce qu’on le voit grossir sous son châssis ?

L’été règne dans toute sa force. Flore est une bacchante dans sa radieuse et riche maturité. Cérès aux beaux seins dorés accomplit sa divine besogne dans la chaleur des glèbes que le soleil embrase. En Bretagne, nous avons deux Cérès, la blonde et la brune, la Cérès fromentine et la Cérès sarrazine, belles toutes deux, toutes deux fécondes. Ah ! l’odeur ardente des blés, la douce odeur du sarrazin coupé, sur les champs fertiles du pays épousé ! Dans la succession tranquille des jours bienfaisants, je prends conscience de ce qui m’appartient, de ce que nul ne peut me ravir ou me contester : l’ivresse de l’activité cérébrale, le besoin de produire, violent comme le désir, mais pur et sans remords, la volonté d’affranchissement et de perfectionnement, l’exaltation intérieure du travail, indépendant et désintéressé, du travail par plaisir, du travail par amour.

Août 1912 — Août 1913.