Page:Berthaut - Les Petites Provinciales.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LES PETITES PROVINCIALES 209

Je demeurai stupide et je ne fus pas bien sûre que M. Roquet ne se payât point platoniquement ma tète, si toutefois ma pensée osât être aussi libre devant un monsieur si facilement scandalisé. « Quand on n’a plus rien à dire à un écrivain courageux, disait Balzac, on lui jette le mot immoral à la face. Cette manœuvre est la honte de ceux qui l’emploient ». Aussi les hommes ne l’emploient-ils plus guère pour se flétrir entre eux, mais envers une femme, c’est un « Tarte à la Crème » qui a repris de la fraîcheur. Evelyne Moncœur en écrivant V Incomparable a établi une fois pour toutes qu’une femme ne saurait rien écrire qui ne fût destiné à faire rougir les singes.

M. Roquet mit son doigt, telle une feuille de vigne, sur le corps de mes délits.

Mon cher ami, j’avais parlé de la vie intime d’un mari et de sa femme ; j’avais écrit le mot « étreinte », j’avais dit que certaines bourgeoises ne méprisent si férocement la courtisane que parce qu’elles lui en veulent « peut-être inconsciemment » de céder à des curiosités, de connaître des joies et des plaisirs qu’elles s’interdirent à elles-mêmes très sévèrement. Et je vous avoue que, maintenant, je regrette mon « peut-