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chaque matin à bicyclette. Mon mari va voir ses malades et mes enfants vont au lycée. Ils reviennent quand ils peuvent ou quand ils veulent, sans l’horrible ennui d’une gare, d’un chemin de fer, d’une perte de temps considérable et sans les dangers auxquels les enfants circulant seuls sont exposés dans une ville comme Paris. C’est une promenade pour mes amis de venir me voir et ils peuvent, le soir, retourner à pied chez eux, au clair de lune. Tout cela serait-il possible ailleurs qu’en province ?

Et puis je ne vous ai rien dit non plus des facilités matérielles de l’existence, parce que nous mettons une pudeur étrange à ne pas parler des questions d’argent. Mais vous savez bien, comme moi, qu’elles sont capitales — c’est bien le cas de le dire — et que nous sommes leurs prisonniers. C’est une paix infinie quand les chaînes dont elles nous lient peuvent être légères et détendues.

Mon cher ami, nous ne vivons pas comme vous dans la lanterne du phare. Nous en recevons le rayonnement à distance, adouci, purifié peut-être par l’espace. Nous ne sommes pas comme vous les forgerons des événements contemporains. Nous en sommes les spectateurs. Vous forgez