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Et toy seul le sauvant l’as conduit dans le port
Ou nul ne peut surgir s’il ne t’a pour adresse.

La voix de sa requeste a le Ciel penetré,
Ses vœux sont exaucez, tu ne l’as point frustré
Du bien que son desir attendoit de ta grace :
Ny n’as trompé l’espoir qu’il en avoit conçeu,
Qu’autant que nostre esprit est doucement deceu
Quand il voit que son heur ses attentes surpasse.

D’un riche diadême où semble estinceler
Le feu de mainte pierre, et la flamme egaller,
Ta main a dés long temps sa teste environnee :
Tu l’as ceint és combats de cent lauriers divers,
Et maintenant, Seigneur, pour l’heur de l’univers
Tu fais que sa couronne est de paix couronnee.

Au lieu de beaucoup d’ans à ses ans adjoustez,
Qui luy sont ardemment en nos vœux souhaittez,
Tu luy sembles promettre une vie immortelle :
Et pour l’extreme bien de voir sous sa grandeur
Son Royaume fleurir plein de richesse et d’heur,
L’honneur de maistriser la terre universelle.

Nul tiltre n’embellit le renom glorieux
D’un magnanime Roy, juste et victorieux,
Qui ne rende son nom illustre et memorable :
Et semble que ta main tous ses faits benissant
Vueille monstrer en luy combien est fleurissant
Le Prince à qui ton oeil daigne estre favorable.

Aussi, contre les maux dont il est tourmenté
Son esprit recourt-il à ta seule bonté,
Sans attendre d’ailleurs son salut ny sa gloire :
Elle seule es perils luy monstre ton secours :