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On croyoit (et le ciel nous le sembloit prédire)
Que vous y monteriez, triomphant du malheur,
Par des degrez sanglans, et peints de la couleur
Dont un prince offensé teint les traits de son ire :
Mais Dieu vous a fait prendre un chemin plus heureux,
Monstrant par vostre exemple aux princes genereux,
Qu’un roy de qui sa main soustient le diadême,
Destruit par sa valeur ses plus fiers ennemis :
Et puis quand il les voit à son pouvoir soumis,
Destruit par sa douceur leur inimitié mesme.

A MME LA DUCHESSE

Comme le Montgibel respand en mille lieux
Les flammes qu’il vomit par ses ardantes bréches,
Pource qu’au plus profond de ses entrailles seiches
Est basty le fourneau du forgeron des dieux :
Ainsi pour ce qu’Amour forge dans vos beaux yeux
Les fers estincellans dont il arme ses fléches,
Il en jaillit assez d’amoureuses flamméches
Pour brusler tous les cœurs qui vivent sous les cieux.
Il n’est rien si glacé que leurs flammes n’allument :
Les cœurs mesmes des dieux en leur feu se consument :
Que s’ils veulent tousjours flamme à flamme adjouster,
Ils brusleront en fin le ciel, la terre, et l’onde,
Et mettant tout en feu, ne lairront plus douter
Si c’est par flamme ou non que doit perir le monde.