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De qui la renommee est par tout florissante,
J’estendy dessus toy ma dextre benissante,
Et conseillé de Dieu durant mon oraison
T’ouvry les huis sacrez de sa saincte maison.
Si lors j’eusse plus creu l’espagnole eloquence,
Et les rusez conseils de l’humaine prudence
Que ceux du tout-puissant, je t’eusse encor fermé
Sa saincte bergerie et son parc bien-aymé,
Laissant la France en proye à l’audace enragee
Des maux dont elle estoit sans pitié saccagee :
Car pour me destourner d’y recevoir tes pas
Que ne supposoit-on, que ne disoit-on pas,
Dépeignant sous les traits d’un malheureux augure,
De ton regne advenir l’effroyable figure ?
Lors que regnant en paix tu te verrois soubmis
Tous ceux que leur malheur te rendoit ennemis,
Tu devois (disoit-on) suivre les artifices
De ce prince apostat qui sacra les premices
De son regne au vray Dieu, puis en se dévoilant
Et d’une main impie aux dêmons immolant,
Fist naistre pour l’eglise un estat lamentable,
Et fut par sa douceur d’autant plus redoutable,
Que les autres sanglants et cruels potentats
Engendroient des martyrs, et luy des apostats.
Tu devois pratiquer ses ruses et ses charmes,
Puis desployant en fin de plus cruelles armes
Devenir ce sanglier, juste effroy du veneur,
Qu’on doit voir saccager la vigne du seigneur.
Mais (ô vif parangon des plus nobles courages)
Tes faits ont dementy ces funestes presages :
Que si par le present il se peut definir
Quels seront icy bas tes gestes à venir,
La gloire d’estouffer les monstres de l’eglise,
Entre tous les humains t’est et deuë et promise
Ne pouvant les beaux faicts par ta main terminez
D’un laurier plus illustre estre icy couronnez.
Persevere