Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/157

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ce qu’on dit d’Alexandre honorant les beaux vers
Dont les graces d’Homere ont charmé l’univers,
Se peut dire de luy reverant les miracles
De l’eternel autheur qui parle en ces oracles :
Il les tenoit enclos comme un riche thresor
Dans un coffre odorant de cedre et de fin or :
Il les souloit nommer la fleur de ses delices,
L’éguillon des vertus, et la bride des vices.
Que si le soin public luy laissoit du loisir,
Il ne l’employoit point en un plus doux plaisir
Qu’en celuy que le fruit d’une estude si sainte
Fait savourer aux cœurs où Dieu grave sa crainte.
Et bien paroissoit-il par les rares effets
De l’extréme vertu luisante en tous ses faits,
Qu’en un champ infecond, où la peine est frivole,
Ne tomboit point le grain de la saincte parole.
Car si jamais esprit des vices s’éloigna,
Si jamais entre nous belle ame accompagna
D’un cœur devotieux une accorte prudence,
Contre l’injuste effort defendit l’innocence,
Mesprisa les plaisirs du vice s’approchans,
Fut debonnaire aux bons et severe aux méchans,
Ce fut ce brave prince, à qui plus est semblable
Quiconque en ces vertus se rend plus admirable.
Les rois qui de son temps l’univers regissoient
Le reverans pour tel sa grandeur benissoient :
Les affligez d’entre-eux l’élisoient pour refuge,
Les puissans pour amy, les contendans pour juge,
Lors qu’il leur déplaisoit de disputer leurs droits
Par la voye usitee à la fureur des rois,
À qui les durs combats ensanglantans les plaines
Tiennent le lieu d’arrests en des cours souveraines :
Ains qui contre l’injure à l’injure ont recours,
Et par d’estranges loix recherchent tous les jours
(soit ou leur sceptre en guerre, ou leur terre usurpee)
La raison en la force, et la paix en l’espee.
Or est-ce d’un monarque et si juste et si bon
Qu’est derivé le sang des princes de Bourbon,
Ceste