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JEAN-ARTHUR RIMBAUD


Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur,

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied contre mon cœur !


Pourtant, il se replie vers Douai et va frapper à la porte de M. Izambard.

Le professeur ne se trouvait pas là. Il était parti en excursion dans l’Est français envahi. Rimbaud, exténué et famélique, accepte — on l’y invitait — d’attendre le retour de son « ami ». Et, pour tromper l’attente aussi bien que pour laisser un gage, il se met à rimer ses impressions de route : Rêvé pour l’Hiver, Au Cabaret vert, la Maline, l’Éclatante victoire de Sarrebruck, le Dormeur du Val, le Buffet.

Entre sa sortie de Mazas et sa fuite en Belgique, il avait composé, soit à Douai, soit à Charleville, Roman et ce joli chef-d’œuvre :


LES EFFARÉS


Noirs dans la neige et dans la brume,
Au grand soupirail qui s’allume,
Leurs culs en rond,
À genoux, les petits — misère ! —
Regardent le boulanger faire
Le lourd pain blond.