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ment que les juges bruxellois, pour justifier, si l’on peut dire, leur sévérité, aient fait entrer en ligne de compte la compromission de l’accusé dans les faits insurrectionnels de 1871, ni sa qualité de poète — comme l’a écrit fort légèrement M. Lepelletier. Peut-être l’organe du Ministère publie, dans son réquisitoire, en a-t-il fait mention à l’audience. Verlaine, en tout cas, dans Mes Prisons, au chapitre où il décrit avec une gaieté un peu rancunière ce réquisitoire, n’en dit pas un mot et se gausse seulement de ce que le magistrat debout lui ait reproché d’être étranger.

Donc, la rigueur de la condamnation a été due uniquement aux calomnies, aux diffamations venues de France. Il y a plus. Après que le Pauvre Lélian eut fait appel de ce jugement, il arriva de la Préfecture de police de Paris un rapport, daté du 21 août 1873, qui, loin d’atténuer ou de modifier les présomptions contre Verlaine, les confirma, au contraire, et les augmenta. Les renseignements contenus dans ce rapport, dont nous avons déjà parlé plus haut, venaient indubitablement de la même source que ceux acquis au début de l’affaire ; et il s’ensuit que si Verlaine, le 27 août, en appel, ne fut pas condamné à plus forte peine, il ne le dut point à ses anciens amis ni à ses beaux-parents, mais à la