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truction, avant de partir pour la France, la déclaration suivante écrite sur timbre (pièce no 18 du dossier).


Je soussigné Arthur Rimbaud, 19 ans[1], homme de lettres, demeurant ordinairement à Charleville (Ardennes françaises) déclare, pour rendre hommage à la vérité, que le jeudi 10 courant vers 2 heures, au moment où M. Paul Verlaine, dans la chambre de sa mère, a tiré sur moi un coup de revolver qui m’a blessé légèrement au poignet gauche, M. Verlaine était dans un tel état d’ivresse qu’il n’avait point conscience de son action

Que je suis intimement persuadé qu’en achetant cette arme, M. Verlaine n’avait aucune intention hostile contre moi, et qu’il n’y avait point de préméditation criminelle dans l’acte de fermer la porte à clef sur nous ;

Que la cause de l’ivresse de M. Verlaine tenait simplement à l’idée des contrariétés avec Mme Verlaine, sa femme.

Je déclare, en outre, lui offrir volontiers et consentir à ma renonciation pure et simple à toute action criminelle, correctionnelle et civile et me désister dès aujourd’hui des bénéfices de toute poursuite qui serait ou pourrait être intentée par le

  1. Né le 20 octobre 1854, Rimbaud n’avait en réalité que 18 ans. Il se vieillit, Cela lui arrivait quelquefois. Cette sorte de pudeur est fréquente chez les jeunes gens.