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en demandant protection. Voici d’ailleurs comment Verlaine, dans Mes Prisons, confirme ce récit tracé d’après le dossier du procès qui va résulter des faits :

En juillet 1873, à Bruxelles, par suite d’une dispute dans la rue, consécutive à deux coups de revolver dont le premier avait blessé sans gravité l’un des interlocuteurs et sur lesquels ceux-ci, deux amis, avaient passé outre en vertu d’un pardon demandé et accordé dès la chose faite, — celui qui avait eu le si regrettable geste, d’ailleurs dans l’absinthe auparavant et depuis, eut un mot tellement énergique et fouilla dans la poche droite de son veston où l’arme encore chargée et dégagée du cran d’arrêt se trouvait par malchance, — ce d’une tellement significative façon, que l’autre, pris de peur, s’enfuit à toutes jambes par la vaste chaussée (de Hall, si ma mémoire est bonne) poursuivi par le furieux, à l’ébahissement des ponsPelches traînant leur flemme d’après-midi sous un soleil qui faisait rage. Un sergent de ville qui flânait par là ne tarda pas à cueillir délinquant et témoin. Après un très sommaire interrogatoire au cours duquel l’agresseur se dénonça plutôt que l’autre ne l’accusait, tous deux, sur l’injonction du représentant de la force armée, se rendirent en sa compagnie à l’hôtel de ville, l’agent me tenant par le bras, car il n’est que temps de dire que c’était moi l’auteur de l’attentat et de l’essai de récidive dont l’objet se trouvait n’être autre qu’Arthur Rimbaud…