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gageant l’avenir, il entendait faire un voyage à Paris pour y rentrer, coûte que coûte, en possession de ses papiers : le « veuf » resterait, en attendant, sous l’égide de sa mère. Tantôt Verlaine, assombri par cette décision, manifestait l’intention d’accompagner Rimbaud à Paris pour, disait-il, aller faire justice de sa femme et )de ses beaux-parents tantôt il se refusait à l’acrcompagner, sous le prétexte que Paris lui rappellerait de trop tristes souvenirs. Parfois aussi, dans des moments de défi pervers et d’irritation malicieuse, il disait vouloir se rendre rue Nicolet pour y faire une dernière tentative de rentrée en grâce, et, alors, il défendait à Rimbaud de l’accompagner et le menaçait d’un abandon sans le sou sur le pavé de Bruxelles. Le jeune homme, de caractère si direct, s’énervait de ces flottements ; la colère lui montait de cette méprise. Il déclara, ce jour-là, être bien décidé, puisqu’il en était ainsi, à ne point quitter Verlaine d’une semelle, tant que celui-ci ne lui aurait pas rendu ses manuscrits ou tant qu’il ne lui aurait pas, par don ou par prêt, remis l’argent nécessaire au voyage pour aller les quérir lui-même chez les Mauté. Mais à cette heure, aussitôt que Rimbaud parlait de s’en aller à Paris, Verlaine tombait en détresse, refusait l’argent et faisait mille instances pour retenir l’obstiné. Rimbaud ne fléchis-